C'était François Dorado, plongeur et photographe de talent de l’âge d’or de l’Odyssée sous-marine.
Nous apprenons avec beaucoup de tristesse la disparition de François Dorado, plongeur et photographe de talent de l’âge d’or de l’Odyssée sous-marine.
François Dorado est né le 3 mai 1946 à Montmartre, dans le fameux quartier des artistes de Paris, lieu de prédestination pour ce futur aventurier artiste. En 1960, François étudia à la célèbre école Boulle de Paris, où il suivit un enseignement de design et d’apprentissage des métiers d'Arts, puis s'inscrivit à l'Institut Français de la Photo. C’est à cette époque qu’il apprit à plonger, au cours de stage d'été au Centre International de Plongée de Bandol, et où il eut pour professeur de photographie sous-marine l’un des pionniers de la discipline, Serge de Sazo, qui lui enseigna le maniement d’un Rolleiflex en boitier étanche (Rolleimarin).
Le temps du service militaire venu, il eut le privilège, rare pour un appelé, d’être admis à l'école des plongeurs de la Marine Nationale de Saint Mandrier, où il acquit le plus haut niveau de pratique de la plongée possible à l’époque. Il fut ensuite affecté à l’unité de Marine Nationale de l'atoll de Mururoa, dans le Pacifique, en tant que plongeur-photographe et responsable du laboratoire photo. Il assista ainsi au premier essai atomique français, le 2 juillet 1966.
Service national terminé, François fut recruté par le Club Méditerranée, en tant que moniteur de plongée et de photo sous-marine. Il pratiquait aussi le ski, la voile, le Judo et le cheval. Il y passa 2 années intenses à voyager et à effectuer des reportages photo.
En 1968, Jacques-Yves Cousteau recrutait une nouvelle génération de plongeurs et photographes pour la série de télévision de l’Odyssée sous-marine qui rencontrait déjà un grand succès. François se présenta à Albert Falco. Son solide bagage de plongeur et de photographe collait parfaitement au profil recherché. Il débuta par des missions locales, des participations aux expériences de plongées profondes, des expéditions sur l'Espadon, des missions de ravitaillements de la bouée-laboratoire au large de Villefranche sur Mer. Puis s’enchainèrent les grandes expéditions et les participations à des films marquants, tels les calmars de Santa Catalina, les raies manta de Californie, les dragons des Galapagos, les loutres de Monterey, les poulpes géants de Seattle, les hippopotames en Afrique, les baleines des Bermudes. Il passa ensuite six mois en Antarctique, au cours d’une des plus longues et difficiles expéditions de la Calypso, où son ami Michel Laval mourra dans un tragique accident sur l'ile Deception. Après l’Antarctique ce fut l’Arctique, avec des expéditions en Alaska, puis dans le détroit de Béring à la rencontre des morses. Il partit en repérage avec Louis Prezelin, son binôme de cabine et d'expédition, et son complice, avec lequel il partage une passion pour la musique. François passa aussi du temps à Los Angeles à la préparation des expéditions. La dernière grande expédition à laquelle il participa fut au Canada, pour le film sur les castors.
Une anecdote savoureuse : en août 1969, un ami, Joe Cocker, l'invita au Festival de Woodstock. Il l’accompagna et passa trois jours au pied de la scène à assister à cet évènement majeur de la musique rock, côtoyant tous les artistes de légende du moment. Cousteau, qui l’attendait pour un nouveau départ, parvient à la joindre par téléphone : - « Dorado, où êtes-vous ? Nous partons en expédition ! » - « Commandant, je suis bloqué à Woodstock, on ne peut plus circuler dans les 200km à la ronde... » - « OK, Je vous envoie un hélico ! » C’est en effet un hélicoptère qui vint le cueillir à Woodstock et lui permit de rejoindre la Calypso...
François quitta l'équipe Cousteau en 1976, pour vivre une autre de ses passions : la musique, créant un studio d’enregistrement dans le sud de la France. Par la suite il devint le patron de la radio Skyrock et l’organisateur de nombreux concerts.
Il organisait régulièrement les retrouvailles des anciens de l'équipe Cousteau. Il n’avait pas d’équivalent pour raviver l’esprit de camaderie de la Calypso et organiser chaque année des retrouvailles riches en émotions. Ce rôle fédérateur va cruellement manquer.
Nous adressons nos plus sincère condoléances à sa famille et à ses proches.
(Biographie par Marc Langleur)