Projet Requins et Raies
« Non seulement nous devons défendre les requins parce qu’ils sont utiles et beaux, mais nous devons protéger la mer qui les nourrit. Et restaurer les équilibres du grand écosystème Océan, dont les squales forment un chaînon nécessaire et dont au bout du compte, nous dépendons. »
Jacques Cousteau
Les requins et les raies jouent un rôle important pour le maintien de l’équilibre des écosystèmes marins. Les requins sont des superprédateurs (prédateurs au sommet de la chaîne alimentaire) et contribuent à la régulation des réseaux alimentaires pélagiques et côtiers et influencent donc tous les composants de leur chaîne alimentaire.
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Programme de gestion et de protection des populations de requins et de raies de la Mer Rouge
La Mer Rouge est une région où il y a encore très peu d’informations disponibles concernant les principales populations de requins et de raies. Ce manque de connaissances peut être étonnant compte tenu de leur importance pour l’industrie de la plongée récréative déjà bien développée en Egypte et celles en cours de développement au Soudan et en Arabie Saoudite. Étant donné le statut globalement menacé des requins et des raies et leur importance particulière dans cette région, il y a un besoin urgent d’aborder certaines questions clés pour la formulation de stratégies de gestion appropriées.
La conservation et la gestion des populations de requins et de raies demandent une augmentation de l’investissement de ressources humaines et financières dans la recherche et le management, dans le développement des cadres politiques, légaux et institutionnels nécessaires ainsi que dans la formation et le développement de compétences pour la mise en place de mesures de gestion (UICN 1998). En réponse, l’Equipe Cousteau développe et met en place actuellement un projet de Gestion et Protection des Requins et des Raies de la Mer Rouge. Les objectifs de ce projet sont :
- Améliorer le statut de conservation des requins et des raies en Mer Rouge;
- Engager dans ce processus les personnes qui utilisent et affectent ces espèces;
- Développer les capacités régionales pour une gestion durable des espèces de requins et de raies;
- Augmenter notre compréhension des requins et des raies par le biais de programmes scientifiques et des ressources pédagogiques de l’Equipe Cousteau.
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Deux composant de ce projet sont déjà en place :
– Le programme pour les plongeurs récréatifs Divers Aware of Sharks :
L’Equipe Cousteau, travaillant main dans la main avec les opérateurs de plongée de la région et les plongeurs, a lancé un programme nommé “Divers Aware of Sharks” au Soudan en Novembre 2007. Cela représente la première étape d’un programme régional de suivi afin de récolter des données de référence sur la composition et l’abondance des espèces d’élasmobranches ainsi que de sensibiliser les opérateurs régionaux. En savoir plus sur le programme
– Programme de marquage acoustique des espèces clés :
L’Equipe Cousteau a débuté les activités de terrain visant à suivre les mouvements des espèces clés de la Mer Rouge soudanaise en Octobre 2012. Un ensemble de nouvelles technologies sera utilisées dans ce programme sans précédent, incluant des tags satellites et acoustiques ainsi que la mise en place d’un réseau de détecteurs acoustiques sous-marins. Les détecteurs acoustiques enregistreront le passage de tout animal marqué sur un rayon de 500 mètres, permettant ainsi d’identifier les mouvements et les périodes de résidences le long des récifs côtiers et au large de la Mer Rouge.
Ce suivi apportera les informations essentielles sur les populations de requins et de raie manta pour l’établissement de stratégies efficaces de gestion et de protection des ces icônes de la mer. Ces informations seront également utilisées pour initier des activités d’écotourisme durable dont pourront bénéficier les populations locales. Les requins et les raies sont menacés par les activités humaines tout autour du monde, une réussite en Mer Rouge pourrait être reproduite dans d’autres régions du monde.
Pour en savoir plus sur notre Partenaire Projet : The Deep
Des espèces vulnérables
La recherche moderne a mis en évidence le déclin massif des espèces de requins et a fait prendre conscience de la menace pesant sur de nombreuses espèces d’élasmobranches (requins et raies) et le besoin de développer des méthodes de gestion. La recherche a également souligné le manque de connaissances concernant le statut des populations de la plupart des espèces d’élasmobranches aux niveaux national, régional et mondial. Des recherches supplémentaires sont donc nécessaires pour améliorer nos connaissances, particulièrement à un niveau régional à l’échelle de la Mer Rouge (étant donné le caractère migratoire de nombreuses espèces d’élasmobranches) si on veut développer des stratégies efficaces de gestion et de protection transfrontalières.
Les requins et les raies sont recherchés pour leur viande et leurs ailerons. La forte demande et la valeur commerciale des ailerons en particulier a conduit au développement d’une pêcherie qui opère souvent de façon illégale. Les requins mais plus particulièrement les raies sont également souvent pris accidentellement par des pêcherie ciblant d’autres espèces, comme les thons, et ces prises accessoires sont souvent rejetées à la mer. On estime que globalement 860 000 tonnes de requins sont prélevées chaque année des océans; avec un poids moyen de 15kg, cela correspond à environs 90 millions de requins par an. Cependant, le nombre de requins et de raies pris et le nombre de prises accessoires sont souvent mal enregistrés. Par exemple, le nombre d’ailerons commercialisés n’est souvent pas en accord avec le nombre de prises recensées. Donc, bien que le nombre de requins et de raies capturés chaque année soit déjà inquiétant, il est certainement encore sous-estimé.
Les caractéristiques des requins et des raies les rendent particulièrement vulnérables à l’exploitation :
Une longue durée de vie : supérieure à 30 ans, mais certaines espèces comme l’Aiguillat commun (Squalus acanthias) peuvent atteindre 100 ans;
Une maturité sexuelle tardive : les requins atteignent la maturité sexuelle ou reproductive à un âge tardif, par exemple 10 à 15 ans pour le requin-marteau halicorne (Spyrna lewini);
Une faible fécondité : une femelle ne produit que peu de jeunes par portée (2 à 38 chez le requin-marteau halicorne) et certaines espèces comme le requin taureau (Carcharias taurus) produit seulement 2 jeunes par saison de reproduction.
Une longue période de gestation : selon les espèces, le développement de l’embryon dans le ventre de la mère prend de 7 mois à 2 ans.
À cause de ces traits d’histoire de vie, les populations de requins et de raies ont une croissance lente et se remettent donc très lentement après avoir été réduites. Ainsi, près de 10% des espèces d’élasmobranches figurent sur la liste rouge de l’UICN et sont menacées d’extinction à différents degrés.
Un peu d’Histoire… Cousteau et les requins
Peut-être aucun autre sujet, ou aucun autre animal illustre le message Cousteau mieux que les requins. Le premier livre de la célèbre collection “L’Odyssée sous-marine de Jacques Yves Cousteau” publié en 1970, “Les requins”, retrace les deux ans d’expédition (1967-1969) de JY Cousteau à bord de la Calypso. L’expédition est partie de Monaco pour mener un des plus longs et des plus fascinants voyages à travers les mers et parmi les requins qui y vivent et en particulier, les requins de la Mer Rouge. Pendant cette expédition, devant l’extraordinaire faune marine de la Mer Rouge et l’abondance des requins observés à cette époque, Philippe Cousteau écrivait :
“Je ne peux m’empêcher de dire le regret poignant qui nous hante mon père et moi lorsque nous assistons impuissants à l’extinction de grands cétacés comme le rorqual bleu, la plus grande créature vivante de tous les temps, et qui n’existera bientôt plus que dans nos mémoires. Le requin a moins à craindre un pareil sort, la plupart des espèces de squales sont parfaitement adaptées à leur mode de vie et leur nombre rend leur extermination difficile, sinon impossible. “
Cependant, au cours de leurs expéditions de recherche sur les requins et les raies autour du monde (par exemple, dans la Péninsule du Yucatan en 1974, aux Îles Cocos en 1976 et 1987, et les observations du Grand Requin blanc en Australie entre 1989 et 1991), JY Cousteau et son équipe ont commencé à réaliser la vulnérabilité de ces espèces et ils furent parmi les premiers à alerter le grand public sur les menaces qui pèsent sur elles.