Lorsqu’il prit la barre de Calypso en 1951, le Commandant Cousteau pilotait le navire qui allait lui permettre de réaliser son projet : utiliser ses inventions pour partir en pionnier découvrir le plateau continental. Calypso a été complètement transformée par Cousteau en navire océanographique. Il est donc normal que sa restauration permette de raconter son histoire magnifique, indissociable de l’œuvre du Commandant Cousteau.
Calypso est, d’après la mythologie grecque, la nymphe qui emprisonna Ulysse pendant 10 ans sur l’île Gozo. Aujourd’hui, le bateau de l’équipe Cousteau a écrit un autre mythe. Devenue légende flottante, elle est aujourd’hui connue dans le monde entier et a sillonné pendant près d’un demi-siècle notre planète bleue pour en révéler sa beauté et sa fragilité. Elle est le symbole de l’aspiration humaine à comprendre la nature pour mieux la protéger.
A Malte, Jacques-Yves Cousteau découvre un ex-dragueur de mines de la Royal Navy, reconverti en ferry-boat et nommé Calypso. Ce bateau est né en 1942 et son triste matricule J-826 ne le prédestine pas à une vie d’exception. Pour Cousteau, il s’agit du navire idéal pour son projet d’exploration des mers.
Grâce au soutien financier de M. Loël Guinness, le contrat de vente est signé le 19 juillet 1950. Aussitôt, Calypso part pour le chantier naval d’Antibes où elle est transformée en navire océanographique. De nombreux industriels et la Marine Nationale effectuent des dons de matériel : la nouvelle Calypso est née. Jacques-Yves Cousteau et sa femme Simone y consacrent également l’essentiel de leurs ressources personnelles. Une des innovations majeures est le “faux-nez”, chambre d’observation sous-marine placée devant et sous l’étrave et équipée de 5 hublots destinés à la prise de vues.
En juin 1951, Cousteau décide de mettre le navire à flot et de tenter les premiers essais au large de la Corse. À bord, l’équipage est improvisé, quelques amis feront l’affaire ! La famille Cousteau est également du voyage : Jean-Michel, 12 ans, et Philippe, 10 ans, sont admis comme mousses.
Le 24 novembre 1951, la véritable aventure débute. Calypso appareille de l’arsenal de Toulon, direction la mer Rouge pour étudier les coraux. L’équipage de la Calypso rapporte des observations précieuses pour la science : topographies, photographies, découverte d’une faune et d’une flore encore inconnues. Cousteau revient persuadé que pour comprendre la mer, il n’existe qu’une seule solution : ” Il faut aller voir “. Calypso est l’outil idéal pour cela.
En juillet 1952, Calypso quitte Toulon pour Marseille ; elle fait des navettes jusqu’à l’îlot du Grand Congloué où l’équipe étudie une épave du IIIème siècle avant J.C., à 40 mètres
de fond. Le célèbre Albert Falco entre alors dans l’équipe. Des milliers d’amphores et de poteries sont ramenées à la surface et remises au musée Borely et au musée des Docks romains de Marseille.
Durant l’été 1953, Calypso permet de tester de nouvelles caméras sous-marines et des flashs électroniques. Il est maintenant possible de photographier des animaux par très grands fonds, repoussant d’autant les limites
de l’exploration sous-marine. Le navire océanographique est prêt pour la fantastique aventure cinématographique et télévisuelle qui l’attend. Ces 42,35 mètres de bois flottant deviennent ainsi laboratoire, studio
de cinéma et le foyer d’un équipage de 28 personnes.
Pendant 40 ans, la Calypso parcourt le globe et permet au commandant Cousteau et à son équipe de faire découvrir à tous les richesses et la fragilité des océans. À la fois véhicule, base et maison, le navire passe des eaux tièdes de l’océan Indien aux glaces de l’Antarctique.
Il tracte les ” maisons sous la mer “, remonte le fleuve amazone, accueille les équipes de tournage et devient le symbole d’un monde à redécouvrir et dont il faut prendre soin. Pannes, cyclones, tempêtes, gel, bancs de sable, la Calypso est l’actrice principale de l’Odyssée sous-marine. Elle a surmonté bien des aventures et des épreuves : au canal de suez, elle manque même d’être coulée par erreur pendant la guerre entre l’Egypte et Israël, en 1956.
Il est 15 heures dans le port de Singapour le 8 janvier 1996, quand le déplacement d’une barge endommage gravement la Calypso qui s’apprêtait à partir en expédition sur le fleuve jaune. Perforée, la vieille dame qui a traversé tant d’épreuves bascule sur le côté et coule. Tous les anciens de la Calypso sont effondrés. Il faut 17 jours avant que le navire soit sorti de l’eau. Blessée à jamais, la fière Calypso est maintenant prête pour une dernière mission : témoigner auprès des générations futures de la vie extraordinaire du commandant Cousteau. Née de la guerre, Calypso est devenue la messagère de la paix et de la protection de l’eau de la planète pour les générations futures. Les expéditions continuent grâce à sa petite sœur, Alcyone, Fille du vent, lancée en 1985.
La Calypso n’appartenait à l’Equipe Cousteau lors de son naufrage dans la port de Singapour, elle était louée à Loël Guinness par l’Equipe Cousteau depuis l’origine. Après qu’elle eut coulé, elle fut ramenée en France par l’Equipe Cousteau et vendu pour un franc symbolique par le petit fils de Loël Guiness, déclenchant une suite de procédures adverses. L’Equipe Cousteau a finalement été reconnu propriétaire du navire et a dès lors eu le droit de mettre en place les travaux de restauration, ayant débuté le 12 Octobre 2007.
Le robuste dragueur de mines a vécu plusieurs réincarnations – en tant que ferry, navire de recherche océanique, une icône de la télévision et une triste victime d’une collision à Singapour en 1996.
Réparée elle deviendra Ambassadeur des Mers et des Océans comme le souhaitait le Commandant.
Quelques mois après l’accident, le Commandant Cousteau avait exprimé sa volonté de voir Calypso poursuivre son action de sensibilisation, mais également créer une plateforme pour l’éducation et la science. Il passera la dernière année de sa vie à se battre pour trouver les moyens de restaurer la Calypso. Les projets ont évolués depuis l’arrivée de Calypso à Marseille ; aujourd’hui, l’Equipe Cousteau se bat pour faire revivre Calypso en tant que source d’inspiration pour les générations futures et une plateforme pour l’Education et la Science, portant les messages du Commandant Cousteau et le drapeau Cousteau à travers le monde.
Calypso a été labellisée « Bateau d’Intérêt Patrimonial » par la Fondation du Patrimoine Maritime et Fluvial (FPMF). L’annonce officielle de la labellisation depuis Janvier 2012 vient d’être faite. Ce label est une belle reconnaissance pour cette grande dame des mers qui a navigué sur tous les océans de la Planète. C’est aussi l’occasion d’un rappel historique sur la situation de la Calypso.
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