Avec un débit moyen de 20.000 mètres cubes par seconde, le Mississippi se classe parmi les plus grands fleuves du monde. Avec son plus long affluent, le Mississippi-Missouri mesure 6.200 kilomètres. En 1983, la Calypso voyage sur le fleuve, depuis le lac Itasca (Minnesota) jusqu’au golfe du Mexique à la découverte des indiens Chippewa du Wisconsin, des pêcheurs Cajun de la Baie de Louisiane, des pages d’histoire de l’Amérique et du combat de l’homme pour dompter cette immense réserve d’eau.
Frontière entre l’Est et l’Ouest des Etats-Unis, le fleuve est une importante voie commerciale: les rives ont été bétonnées, le lit dragué, rectifié, “optimisé” comme disent les ingénieurs.
Face à ce traitement, les poissons se font rares. La pollution atteint des
niveaux inquiétants: les métaux lourds, insecticides, PCS, nitrates et substances radioactives se concentrent au niveau de la Nouvelle-Orléans, au bout de l’entonnoir, où le taux de cancer bat des records.
Une équipe “volante” a pu admirer du ciel le Mississippi, “père des eaux” selon les Indiens. Ainsi, les aspects les plus diverses du grand fleuve ont pu être racontés dans les films : la grande variété des espèces sauvages liées à ce cours d’eau, sa musique, les grandes pages de l’histoire auxquelles il fut mêlé (la guerre civile , Ding Cotton , Mark Twain). Deux films racontent cette grande aventure (Un allié récalcitrant : Le Mississippi et Allié et adversaire: Le Mississippi).
Aux antipodes de notre monde, l’archipel isolé de Nouvelle-Zélande accueille l’Equipe Cousteau de 1986 à 1987. Les Maoris ont été les premiers, il y a mille ans, à s’installer sur ces îles perdues au milieu du Pacifique. Pour les marins de la Calypso, cette expédition les rapproche d’abord d’un peuple à la culture riche et étonnante : pirogues creusées dans un seul tronc, masques, danses rituelles.
Les paysages uniques dessinés par les éruptions volcaniques fascinent l’équipage, presque autant que les couleurs chatoyantes des fonds marins. Cette terre est toute jeune, à peine un million d’années. Ici, le sol est vivant : il bouge, il fume , il chauffe. La vapeur s’échappe des failles en sifflant: une énergie gratuite, abondante et naturelle.
Deux films ont été tournés: il y a tant de choses à montrer! La Nouvelle-Zélande est coupée du monde et les formes de vie y sont uniques. Le kiwi, oiseau symbole du pays, ne vole pas. Autrefois, il n’avait pas de prédateurs: pas de mammifères, pas de serpents. Aujourd’hui cette faune est en danger car l’homme a importé de nouveaux animaux: cerfs, moutons, rats…
Dix mois sur le célèbre fleuve africain permettent à l’équipe Cousteau d’étudier les relations entre les hommes et le système fluvial du Nil. En 1979, avions et véhicules terrestres explorent les beautés naturelles et les cultures antiques de ces rives. De sa naissance dans le lac Victoria, en Ouganda, jusqu’au Delta du Caire, le Nil traverse marais et chutes, apportant la vie partout où il passe. Ses inondations ont rythmé l’existence des hommes depuis des millénaires; aujourd’hui, barrages et canaux façonnent de nouveaux paysages.
Les pays du bassin du Nil font face à d’importants problèmes écologiques dont l’Equipe Cousteau rend compte dans ses films. La sécheresse surtout, mais également la désertification, le déboisement, l’érosion du sol, la sédimentation, les inondations, la famine et les épidémies sont autant de facteurs à prendre en compte pour comprendre la politique environnementale de cette région. En remontant le fleuve, Cousteau rencontre une faune riche, protégée par des millions d’hectares de marais, des hautes prairies de papyrus, des nuages de moustiques et des crocodiles.
Les troupeaux d’éléphants, de buffles, de girafes, d’antilopes et d’autruches vivent encore dans un royaume intact. Combien de temps encore?
Dans la deuxième moitié du vingtième siècle, trois grands projets d’aménagement du Nil ont été envisagés : le canal de Jonglei, la barrage de Jebel Aulia et le haut barrage d’Assouan. Ce dernier, le plus célèbre des projets de gestion de l’eau du Nil, a été achevé en 1971. II empêche les inondations, permet l’irrigation de zones désertiques et la production d’électricité. Mais les conséquences néfastes sont apparues avec le temps. Par exemple , la fertilisation des rives égyptiennes par le limon n’est plus possible et, pour la première fois dans l’histoire, les agriculteurs emploient d’importantes quantités d’engrais chimiques, là où le fleuve fertilisait la terre naturellement. L’Equipe Cousteau souligne alors les importantes décisions à prendre pour le futur afin d’enrailler l’érosion côtière, l’invasion des zones humides par l’eau de mer et la perturbation du comportement des animaux, telle la migration des sardines sur la côte du delta du Nil qui a complètement cessé. Autant de leçons pour l’avenir.
A plusieurs reprises, la Polynésie accueille l’équipe Cousteau à la redécouverte du monde. Les paysages paradisiaques des îles Marquises ne trompent pas le commandant Cousteau: un drame humain et écologique se déroule ici. Neuf dixièmes de la population ont disparu depuis l’arrivée des blancs et l’environnement, autant terrestre que marin, a été gravement abîmé. Les chèvres, les chiens, les porcs et les rats amenés par les bateaux ont dangereusement appauvri les écosystèmes de ces îles.
Le plus terrible est sans doute de voir les marquisiens tenter de sauver leur culture. Mais il est déjà trop tard: personne ne connaît plus ni le sens des tatouages, ni du langage écrit
qu’utilisaient les ancêtres . Cependant, certains habitants connaissent encore les danses sacrées et les exécutent devant l’équipe Cousteau.
La nature, là bas, prend mille couleurs. Tahiti , Maupiti, BoraBora, les fonds marins près des îles et des atolls regorgent d’animaux magiques : poissons demoiselles, girelles tropicales, raies tachetées de bleu, concombres de mer… une variété biologique inventée par l’évolution et qui éblouit les plongeurs et les téléspectateurs par sa splendeur.
A Mururoa, l’Equipe a l’autorisation d’assister à un essai nucléaire français. Une mission d’étude est effectuée pour établir l’impact des explosions sur l’environnement. Les résultats montrent que la radioactivité est presque normale. En revanche, il reste une interrogation quant à l’avenir de l’atoll lui-même : une fissure gigantesque a été observée grâce à la soucoupe plongeante .
Cinquante ans après la première expédition de la Calypso en Mer Rouge, après l’expérience des maisons sous la mer rendues célèbres par le film “Le monde sans soleil”, et le succès du film “Le monde du silence” – Palme d’or au Festival de Cannes, 1956 – l’Equipe Cousteau retourne en Mer Rouge sur les traces du commandant Jacques-Yves Cousteau.
L’Alcyone, le navire de l’équipe Cousteau, est partie de Monaco le 13 novembre 2003 en direction du Canal de Suez, saluée par la Prince Albert. Palmes aux pieds et caméra au poing, l’equipe Cousteau filme et étudie les récifs coraliens en danger de disparition. Les informations recueillies sont comparées aux images tournées par le Commandant Cousteau. Le chef d’expédition est le professeur Jean Jaubert, spécialiste de coraux.
L’Est de la Méditerranée et le Nord de la Mer Rouge sont séparés par une mince bande de terre traversée depuis maintenant plus d’un siècle par le Canal de Suez. Le Canal croise le Lac Amer qui a été pendant 70 ans une barrière salée empêchant les deux mers d’échanger plantes et animaux. La crue annuelle du Nil, qui tendait à empêcher les organismes de s’implanter dans la Méditerranée près de l’embouchure du Canal, était un autre obstacle. Ces barrières ont aujourd’hui disparu et un certain nombre d’organismes ont traversé le canal (en suivant le courant dominant) et se sont installés en Méditerranée.
Cette migration est une cause importante de changements écologiques en Méditerranée orientale et est donc étudiée par l’équipe Cousteau sur place. Nous travaillons également sur la faune et la flore du nord du Golfe de Suez où les conditions environnementales ne sont pas très différentes de celles de Méditerranée.
Le Golfe d’Aqaba est l’autre golfe qui borde la Péninsule du Sinaï. Il est très différent du Golfe de Suez parce qu’il est rocheux et très profond tandis que le Golfe de Suez est sédimentaire et peu profond. C’est un modèle réduit de la Mer Rouge qui accueille de merveilleux jardins de coraux. Une autre particularité intéressante du Golfe d’Aqaba est la faune particulièrement spectaculaire de macro-plancton (méduses, ceintures de Venus, etc…) qui abonde de partout. La mission étudie les dangers qui pèsent sur les coraux, ces étonnants animaux fixés sur des squelettes calcaires. Bien qu’ils se développent au delà du tropique du Cancer (la limite habituelle de l’aire de répartition des récifs dans l’hémisphère nord) les récifs de corail de Mer Rouge sont parmi les plus beaux et les mieux préservés du monde. Les perturbations climatiques qui ont tué presque tout le corail vivant des récifs des océans Indien et Pacifique en 1997-1998, ont eu très peu d’impact sur eux. Les côtes de la Mer Rouge sont peu peuplées et, de ce fait, ces récifs sont exempts d’influence anthropogène directe (à l’exception de l’Egypte où des activités touristiques se sont beaucoup développées).
Ensuite, nous visitons les récifs des côtes soudanaises, en particulier ceux de Shab Rumi, où sont encore les habitats sous-marins construits par le Commandant Cousteau pour son célèbre film: « Le Monde Sans Soleil ». Nous suivons les côtes d’Erythrée, les Îles de Dahlak, Djibouti, poussons jusqu’au Lac Assal, pour enfin remonter par les côtes du Yémen en faisant d’abord halte dans les Îles des Sept Frères.
Le golfe de Californie est un long bras d’océan Pacifique qui abrite de nombreuses espèces aussi variées qu’étonnantes : corail, requin-baleine, marlin, espadon. raie-manta, rorqual. . . que du rêve ! Malheureusement, le développement de la pêche de luxe et d’un tourisme mal contrôlé met en danger ce paradis écologique.
En 1987, la mission en mer de Cortez à bord d’Alcyone est l’occasion de tester de nouvelles combinaisons argentées, des bouteilles et des scooters sous-marins retravaillés. Ainsi équipés, les plongeurs partagent les jeux des dauphins et filment les méduses qui nagent mollement entre deux eaux , dévorant les petits animaux qui s’approchent trop près de leurs cellules urticantes.
Île Isabéla, océan Pacifique, au large du Mexique… Au-dessus de moi, dans le ciel tropical volent des centaines et des centaines d’oiseaux de mer. Une extraordinaire sensation de plénitude m’emplit le corps et l’âme.
Je sens monter en moi ce sentiment si rare, et pourtant si recherché, qu’on appelle le bonheur. Et je m’interroge…
Toute notre existence humaine est consacrée à la recherche du plaisir – d’abord de celui qui consiste à combler nos besoins fondamentaux : la faim, la soif, etc. Notre organisation sociale donne lieu, ensuite, à d’autres
joies : commander, obéir, réussir sa carrière…
Y a-t -il la place pour des bonheurs plus subtils, plus élevés, plus délivrés des contingences matérielles? Le sentiment tout simple d’appartenir au grand miracle de la vie m’en fournit un exemple. J’en connais
d’autres : contempler une œuvre d’art, écouter un concerto de Bach…
L’idée d’étudier la question du bonheur – de fonder une science de la joie – me paraît essentielle. Elle seule nous permettrait de nous détacher des pseudosatisfactions que procure la quête acharnée
des biens matériels – génératrice de saccages et de pollutions imbéciles. Elle seule nous rendrait ce sentiment d’harmonie avec la nature, avec nos semblables et avec nous-mêmes, sans lequel il n’est pas de
joie authentique. Oui, il nous est possible de trouver le bonheur en protégeant ce qui nous entoure, non seulement parce que nous en goûtons l’impressionnante beauté, la puissance et le mystère, mais encore parce que nous
aimons les autres Hommes – ceux qui vivent aujourd’hui, et ceux qui seront là demain …
Un mystérieux instinct les attire… (1970)
Les équipiers de la Calypso sont depuis quelques jours è Clipperton cette île minuscule de l’océan Pacifique, située à quelque l 000 km au large du Mexique, et qui appartient à la France.
Qui appartient à la France… ” Elle appartient en réalité aux crabes!” , s’exclame Jacques Delcoutère.
Et en effet… Les crabes de Clipperton, longs chacun de 4 à 6 cm, ne sont pas très impressionnants. Mais ils sont nombreux et en groupes, rien ne les arrête. Ils parcourent sans cesse les côtes de l’atoll en quête
de nourriture. Tout leur est bon …
Jacques Delcoutère veut tester la vitesse de réaction des crabes. Vêtu de son habit de plongée, il se couche sur la plage, Immobile comme le serait un animal mort. Et il attend… Il n’attend pas longtemps. Un crabe passait
par là par hasard, et aussitôt l’escalade à la recherche d’un endroit ou dîner. Un autre arrive. Puis un autre… Cela paraît incroyable. Tous les crustacés de la plage se précipitent à présent,
vers
Delcoutère. Emettent-ils des signaux (sonores ? olfactifs ?), dus à leur excitation, et que leurs congénères perçoivent ? Mystères de t’instinct…
En moins de dix minutes, Delcoutère est couvert de crabes dont certains commencent à pincer sérieusement les places de peau découvertes… “C’est terrifiant, avoue le plongeur, de se sentir ainsi escaladé par des dizaines d’invertébrés, piétiné, palpé, goûté… Une expérience que je ne recommande à personne !”.
Nous sommes aux Caraïbes, près du Banc d’Argent où tant de navires furent brisés par les tempêtes et les écueils. Je me dirige en zodiac vers une épave récente – un grand cargo.
Comme les galions de la Flotte de l’Or espagnole, aux XVIè et XVIIè siècles, il se fit surprendre par la mer. Mais Il ne coula pas vraiment : il heurta un haut fond et resta échoué. À marée haute, on en aperçoit
encore une bonne partie. À marée basse (comme sur la photographie), il se trouve presque entièrement découvert, et ressemble à un pathétique château de tôles rouillées, rongées, découpées
comme une dentelle fine…
Chaque épave a une histoire – celle d’un armateur, d’un capitaine, d’un équipage… Le drame se noua, un jour ou une nuit, pour les hommes qui y voguaient. Ces derniers avaient l’impression d’être en sécurité sur leur bateau. Ils faisaient confiance à la technologie humaine. Ils se disaient que ce que l’Intelligence de notre espèce avait conçu pouvait affronter la grande Nature… Au fond de leur coeur, peut-être, doutaient-ils. Mais ils ne pouvaient pas avouer leur crainte, sous peine de passer pour des pleutres…
L’image des naufrages s’impose à moi, irrésistiblement, chaque fois que je me trouve en présence d’autres oeuvres humaines où notre espèce étale son arrogance. Alors, je songe à ces dizaines de bateaux que j’ ai vus, anéantis par la mer… Je me dis que l’homme écoute rarement les leçons que les éléments lui donnent. Qu’il oublie trop vite. Qu’il n’est pas assez modeste pour mériter le qualificatif de “sage” qu’il s’est attribué lui-même.
Traverser l’Atlantique sur un bateau expérimental, quelle joie ! … Voguer sur les traces de Christophe Colomb, quel honneur ! … C’est exactement ce qui arrive au Commandant Cousteau et à ses compagnons lors de cette première traversée de l’océan Atlantique à bord du Moulin à Vent. Le bateau, certes, n’est pas fait pour cette aventure. Sa coque récupérée de vieux catamaran est bien fragile, et le clapot est pénible à supporter : il heurte violemment la base du bateau, entre les deux quilles jumelles. La base d’ancrage de la turbovoile est probablement soumise à des tensions trop grandes. Tant qu’il n’y a pas de tempêtes …
Pour le moment les hommes ont fait escale aux îles Salvage, où ils ont plongé. Puis ils ont continué leur route vers l’Ouest. Ils ont touché ces fameux alizés qui les poussent en direction de l’Amérique, tout comme ils avaient propulsé Christophe Colomb et ses successeurs vers le Nouveau Monde. Le Moulin à Vent avance à plus de 10 noeuds. Sa turbovoile a fait la démonstration éclatante de sa fiabilité. De son efficacité, aussi : c’est un plaisir de songer qu’il faudrait une voile d’une surface cinq ou six fois plus grande pour obtenir le même rendement… La brise est bonne. Le sillage prouve la vitesse du navire. Les appareils électroniques fonctionnent.
Grâce aux liaisons par satellites, les membres de la fondation Cousteau sont au courant jour après jour, heure après heure, du déroulement de l’expérience. Une bande de dauphins est venue saluer le bateau. Une baleine a soufflé dans les vagues à distance. Des oiseaux de mer se sont posés au faîte de la turbovoile…
C'est sur l’île Espagnola (autrement nommée Hood), l’une des plus petites et des plus excentriques de l’archipel des Galápagos, que les Robinsons volontaires de l’équipe Cousteau ont choisi de dresser leur campement. Il y a là un chef plongeur : Bernard Delemotte ; deux plongeurs : Jacques Delcoutère et François Dorado ; deux opérateurs Michel Deloire et Jacques Renoir ; un assistant : Henri Alliet ; et le cuisinier américain : “Little Joe”.
“Ce campement, raconte Michel Deloire est un véritable enchantement. Nous avons l’impression de revivre (privilège exorbitant) les jours heureux du monde, les temps mythiques de l’âge d’or, où l’homme et les animaux se côtoyaient sans crainte!”
Sur l’île Espagonla, les hommes de la Calypso veulent étudier le comportement des iguanes marins (Amblyrynchus cristatus), qui abondent sur les rochers côtiers. Mais les moments les plus intenses qu’ils passent sont peut-être ces instants de repos où le camp reste calme, et où les otaries dorées des Galápagos (Zalophus californianus wollebaecki) viennent se gratter, se coucher, soupirer et dormir sur le sable, à deux pas des tentes…
Parfois la cohabitation est plus … problématique. Ainsi, les oiseaux moqueurs, sortes de petits merles effrontés, viennent sans la moindre crainte ni le moindre remords voler tout ce que le cuisinier laisse par inadvertance à leur portée. Il n’y a pas plus rusé qu’eux dès lors qu’il s’agit de faire rouler un œuf sur la table pour qu’il se brise sur le sol, puis de picorer blanc et jaune !
De sa source dans les hautes montagnes de l’Himalaya à son embouchure dans la mer de Chine, le Mékong parcourt près de 4.200 kilomètres. 50 millions d’hommes tirent leur subsistance de ses eaux. En 1992, le commandant Cousteau organise une grande expédition: la Calypso patrouille dans la partie inférieure du fleuve qui irrigue quatre pays tandis qu’une équipe légère, à bord de deux embarcations en bois, explore la partie en amont des chutes qui barrent le fleuve à la frontière entre le Laos et le Cambodge. Une aventure éprouvante dans une région troublée et privée d’infrastructures modernes. Sans électricité, l’équipe légère a dû faire comme tout le monde: vivre au rythme du soleil.En 1995-1996, une seconde expédition amène l’équipe Cousteau en Chine , le pays le plus peuplé du monde.
Petit à petit, le Mékong dévoile ses mille visages: impétueux torrent dans les montagnes chinoises, rivière agitée dans les étroites vallées du Laos et de la Thaïlande, fleuve majestueux dans la vaste plaine alluviale du Cambodge et du Vietnam, là où il se laisse enfin apprivoiser. Le fleuve fournit de quoi boire à tous les habitants et aux animaux domestiques. On y lave les légumes, on y prépare la soupe, on y fait la vaisselle. Pour la toilette et la lessive, le Mékong est là ; il sert également d’égout, de voie de communication et de terrain de jeu des enfants.
Sur les rives du Mékong, les ruines majestueuses d’une époque révolue rappellent que les eaux du fleuve sont chargées d’histoire. Il y a mille ans, l’empire khmer construit les plus grands édifices religieux du monde. Voie d’échange culturel et commercial, le Mékong fait l’objet de toutes les attentions.
Chaque année , les riverains organisent de grandes cérémonies en son honneur. En Thaïlande, L’équipe Cousteau assiste à la fête du Song Kran qui marque à la fois la nouvelle année et le retour de la saison des pluies. L’esprit du dragon est vénéré: il vit dans le fleuve et tient entre ses pattes la destinée de tous ceux qui y naviguent.
Berceau de plusieurs civilisations au cours de l’histoire, la Méditerranée est une mer blessée. Trente cinq années d’aventure et de campagnes océanographiques ont permis à l’équipe Cousteau de tirer un bilan complet de cette mer presque intérieure. De Monaco à Alexandrie en passant par Naples , la Crète et Chypre, la Calypso a passé bien plus de temps dans ces eaux-là que dans n’importe quelle autre mer du monde.
Les hommes de la Calypso doivent faire le tour de la Méditerranée pour évaluer son état de santé. Avant même de partir, l’équipe Cousteau sait que le bilan sera catastrophique : depuis le temps qu’elle parcourt les fonds marins, elle les a vus se dégrader. La mer poubelle , la mer blessée … Les scientifiques étudient chacune des espèces qu’elle abrite pour proposer des remèdes.
Cinq années de travail sur l’épave grecque du Grand-Congloué, des films, des photographies et la découverte de bateaux, d’avions, de sous-marins et de bâtiments de guerre engloutis parfois depuis des siècles.
En 1975, l’équipe Cousteau fouille les vestiges de la civilisation égéenne. De la mer Egée, elle ramène des vases, des statues, des bijoux anciens. Le mystère du navire-hôpital Britannic coulé pendant
la première
guerre mondiale au large de l’ile de Kea est définitivement résolu grâce aux hommes de la Calypso.
La méditerranée accueille la première plongée du scaphandre autonome mis au point par le commandant Cousteau et son équipe. Par la suite, il y tournera de nombreux films. Le plus célèbre d’entre eux, Le Monde du Silence (1956) , est récompensé par la palme d’or au festival international du cinéma de Cannes.
Sur une île, la vie se développe toujours de façon surprenante. A Madagascar, en 1994, le commandant Cousteau et son équipe découvrent une terre conquise par l’homme depuis à peine 2.000 ans, mais déjà très marquée par cette invasion. Ici, les lémuriens comptent trente espèces différentes, 95% des espèces de reptiles et 98% des espèces de batraciens de Madagascar sont endémiques. A bord de l’Alcyone, les plongeurs découvrent les eaux riches du canal du Mozambique. Ils y croisent le chemin des grands requins pélagiques. En hélicoptère, l’Equipe Cousteau filme la progression des baleines à bosse qui viennent se reproduire aux environs de l’île Sainte-Marie.
A la rencontre des Malgaches, composés de 18 ethnies différentes, l’Equipe Cousteau comprend les menaces qui pèsent sur ce pays : déforestation, désertification, difficultés
d’approvisionnement en eau potable. Déjà, le peuple est sanctionné par ses erreurs passées et présentes. Pourtant, Madagascar est riche en ressources naturelles. Dans
l’avenir, l’harmonie entre l’homme et la nature est possible en ce lieu, réservoir d’espèces vivantes uniques qu’il faut absolument protéger. Dans les film L’Ile des Esprits I et II, l’équipe
Cousteau raconte avec passion le destin exceptionnel de ce lieu paradoxal où l’homme peut le pire comme le meilleur.
L’équipe Cousteau , en abordant les côtes de l’Alaska, découvre un Etat gigantesque, le plus grand des Etats américains. 1.525.000 kilomètres carrés pour seulement 600.000 habitants à l’époque de l’expédition : on peut marcher des jours et des jours sans rencontrer âme qui vive. Cette étendue sauvage, terre de l’ours blanc , du grizzly et du morse, est occupée par des peuples, jadis persécutés, exploités, parfois réduits en esclavage. décimés par les maladies apportées par les colons blancs.
Lorsqu’en 1987 et 1988, l’Alcyone explore la région de la baie du Glacier, au sud-est de l’Alaska , l’équipe a l’impression de faire un voyage de quelques 80.000 ans en arrière, lorsqu’une partie de
l’Europe et de l’Amérique du Nord était couverte de glace.
Parfois l’Alcyone roule d’un bord à l’autre, ballottée par les vagues que d’impressionnants pans de glace générent en s’écroulant.
Le commandant Cousteau, à travers les films de ces expéditions tel que Le crépuscule du chasseur en Alaska , démontre que l’Alaska possède de nombreux atouts pour servir de modèle en matière de gestion de ses espaces naturels: des moyens financiers importants, un bon niveau d’éducation, une population peu nombreuse sur un territoire immense. Si les dirigeants restent sages, la “Grande terre” sera toujours dans plusieurs siècles une région où l’homme et les animaux cohabiterons sans graves problèmes.
En 1989, le pétrolier Exxon Valdez s’échoue sur un récif de la côte sud. Dans un magnifique décor de nature vierge , la faune y est particulièrement riche: oiseaux migrateurs , jeunes saumons en partance pour leur grand voyage ou adultes revenant pour se reproduire, milliers d’oiseaux et de mammifères périssent. Ce drame symbolise le dilemme devant lequel le monde entier est placé aujourd’hui : comment exploiter les ressources naturelles sans saccager l’environnement.
Sept films pour la télévision, deux volumes de rapports scientifiques, des guides d’enseignements, des articles et deux livres : l’expédition de deux ans en Amazonie fut la plus ambitieuse jamais entreprise par l’Equipe Cousteau. En 1982 et 1983, les hommes de la Calypso pénètrent au coeur de la forêt d’émeraude, remontant le fleuve Amazone, le plus large et le plus long du monde (6.400 kilomètres). Cette région mal connue, ensemble complexe d’eau et de végétation, recouvre neuf pays et recèle un cinquième de l’eau douce de la planète.
Pour cette expédition, l’Equipe Cousteau emporte beaucoup de matériel : plusieurs zodiacs, des kayaks, des jeeps, un hélicoptère, un hydravion et un camion amphibie sont indispensables à la progression. A l’arrivée,
quelle richesse! Les rencontres avec les
tribus indiennes sont l’occasion de découvrir leurs traditions tournées vers le fleuve et la forêt. Mais la pauvreté des paysans en quête de terres à cultiver ou celle des chercheurs d’or prêts
à tout pour tirer de la rivière de quoi vivre font également partie de la
réalité. L’expédition en Amazonie accorde une place importante à l’Homme.
Les scientifiques tentent de comprendre l’écosystème du fleuve, ses relations avec l’atmosphère à travers l’activité métabolique des plantes, des animaux et des micro-organismes. Certaines séquences, certaines
photos ont fait le tour du monde : dauphins
roses, paresseux, iguanes, souvent tournées dans des conditions difficiles. Cette aventure de deux ans changea le regard du public ; s’il y a aujourd’hui une prise de conscience sur la nécessité de protéger un patrimoine
unique au monde, alors les films de l’Equipe Cousteau y sont sûrement pour quelque chose.
La filmographie de cette expédition est particulièrement impressionnante : Objectif Amazone : Branle-bas sur la Calypso (1982), Au pays des mille rivières (1983), La rivière enchantée (1983), Journey to a T housand Rivers (version anglaise) (1983), Ombres fuyantes : Indiens de l’Amazonie (1983), La Rivière de l’or (1984), T he New El Dorado : Invaders and Exiles (version anglaise) (1984), Tempête de neige sur la jungle (1984), Un avenir pour l’Amazonie (1984), Message d’un monde perdu (1984), River of the Future (English version) (1984).
Lors de la mission en Antarctique en 1972, les plongeurs de la Calypso réalisent une “première” : ils s’aventurent sous des icebergs et sous la banquise. De plus, la Calypso est équipée d’une plate-forme pour accueillir un hélicoptère et une mongolfière complète le dispositif d’exploration aérienne. Le navire échappe de justesse aux glaces et à la tempête. Un film exceptionnel, Voyage au bout du monde, retrace cette épopée inouïe au coeur de l’iceberg mais également l’inquiétude du commandant Cousteau qui voit Calypso sur le point d’être brisée dans les mâchoires d’acier de l’hiver polaire. Cette aventure humaine offre au monde une vision moderne du continent glacé et de ses enjeux grâce au satellite de la Nasa.
Le continent, grand comme 25 fois la France, dévoile petit à petit sa beauté , mais également sa fragilité , aux membres de l’Equipe. Cette région unique abrite des animaux très vulnérables aux changements apportés par l’homme. Sur la banquise, le spectacle est permanent: les manchots grouillent en colonies tandis que les phoques s’aventurent sous la glace. Pour résister aux conditions glacées du milieu, la vie s’est adaptée de façon surprenante. Des poissons, des calmars, des crustacés ou des étoiles de mer vivent dans une eau à - 1"C.
Cette faune et cette flore uniques amènent le commandant Cousteau à lancer, en 1988, une pétition intemationale pour la sauvegarde du continent blanc. En 1990, le commandant retoume en Antarctique avec des enfants des six continents: “L’Antarctique est un inestimable trésor que nous devons conserver intact pour les générations futures.” Ce voyage est relaté dans le film Liliput en Antarctique. Conscient des dangers pour l’environnement que ferait peser une exploitation industrielle de l’Antarctique ,le commandant Cousteau demande alors que le continent soit déclaré “Réserve naturelle, terre de paix et de science”.
Les mers qui entourent l’Australie abritent une vie luxuriante, un véritable continent corallien. A la fin des années 80, le commandant Cousteau et la Calypso ont exploré cette étendue marine du nord au sud, tandis qu’une équipe terrestre parcourait l’intérieur des terres, à la rencontre des Aborigènes et de leur culture, la plus ancienne du monde.
2.500 formations coralliennes, dont certaines atteignent les dimensions d’une maison, constituentIa Grande Barrière de Corail. Les plongeurs évoluent parmi les arborescences
calcaires, squelettes des animaux microscopiques que sont les polypes. Ces oasis de vie, refuges d’innombrables poissons multicolores, offrent un spectacle extraordinaire aux caméramans de la Calypso. Pour le monde entier , ils ramènent
les images des millions d’ovules et de spermatozoïdes émis une fois l’an par les polypes lors d’une nuit de pleine lune.
A l’air libre, au milieu d’une faune unique du fait de l’isolement du grand continent, les Aborigènes s’efforcent de préserver leur identité et leur mode de vie, proche de la nature et de ses dons. Ces femmes et ces hommes sont les descendants de nomades arrivés en pirogue il y a plus de 40.000 ans. Jacques-Yves Cousteau visite des sites archéologiques où des peintures rupestres évoquent le temps du rêve, dimension mythique où la pensée aborigène situe le moment de toute création.
Les Kangourous, l’ornithorynque ou le dipneuste, capable de respirer en dehors de l’eau, illustrent bien l’évolution unique de la vie en Australie. Les plongeurs s’offrent des émotions fortes en caressant un crocodile de mer ou en frôlant un serpent de mer au venin mortel. L’équipe de l’Alcyone étudie pendant deux ans les grands requins blancs et montrent sous un nouveau jour ces animaux certes dangereux mais qui ne manifestent guère d’hostilité envers les humains.
Qu’il s’agisse des rencontres avec les Himbas ou les Bushmen, dont les cultures traditionnelles résistent encore, ou avec les Karretjie, nomades du grand Karoo, ou les Afrikaners de l’intérieur, héritiers spirituels des premiers colons blancs, qu’il s’agisse d’un récit impliquant des requins ou des éléphants, toutes les aventures de I’Equipe Cousteau en Afrique Australe (Afrique du Sud et Namibie) ont en commun la couleur éclatante et le parfum épicé de cette region.
Si le nom de Cousteau est toujours associé à I’eau, les 8 mois d’expédition en Afrique Australe, en 1995, font partie des exceptions qui confirment la règle. Plus de la moitié de cette région reçoit moins de 500 millimètres de pluie par an : ce sont des “déserts”. Certains de ces espaces vierges sont des zones diamantifères strictement interdites d’accès. L’Equipe Cousteau a filmé les villes fantômes, autrefois les plus modernes d’Afrique du Sud où, iI y a un siècle, la fièvre s’était emparée des hommes prêts à tout pour posséder ces diamants fabriqués à haute pression dans les entrailles de la Terre.
Mais la vraie richesse de I’Afrique Australe repose dans sa faune unique que l’équipaqe de l’Alcyone a observée et étudiée avec attention. Les mammifères se sont adaptés à I’absence d’eau : les carnivores boivent le sang de leurs proies tandis que les herbivores broutent les plantes à l’aube, quand la végétation est humide de rosée. De ces aventures arides, Cousteau produit deux films (Diamants du désert, Sanctuaires pour la vie) et de nombreux livres.
Au début des années 80, la Calypso remonte le fleuve SaintLaurent jusqu’aux Grands Lacs. Si la nature croisée est grandiose. elle est aussi parfois saccagée: les baleines à bosse sont prisonnières des filets , les bélougas souffrent de la pollution … Mais en jouant à cache-cache avec les baleines bleues et en filmant la naissance des bébés phoques. l’Equipe Cousteau fait redécouvrir au monde entier la beauté du Canada profond.
Le commandant est invité par les Indiens Montagnais du Québec qui n’ont même plus le droit de pêcher dans leurs rivières ancestrales. Comme tous les natifs de l’Amérique du Nord, écologiques avant l’heure , ils ont été privés de leurs terres et de leur conception du monde.
Au cours d’une plongée mémorable en soucoupe plongeante dans le fjord du Saguenay, l’équipe découvre une “lentille” d’eau de mer parfaitement pure , cachée sous quinze mètres d’eau douce couleur “chocolat”. A travers les hublots , on peut même voir des millions de petites méduses, comme autant de flocons de neiges, preuves qu’il s’agit bien d’eau de mer. Voilà qui explique la présence des bélougas et des baleines bleues dans une rivière située aussi loin du grand large: au fond du fjord palpite une vie marine abondante.
Mais les hommes de la Calypso ne s’arrêtent pas là : exploration d’épaves, des chutes du Niagara ; certains jours , le bateau est recouvert de plus de 10 centimètres de glace. Mais rien n’arrête l’odyssée du commandant Cousteau , la Calypso passe et ramène des images admirables d’une des expéditions les plus périlleuses qu’elle ait entreprises.
En 1999, 20 ans après sa grande soeur la Calypso, l’Alcyone se retrouve sur les eaux du Saint Laurent. Utilisant ses turbovoiles, elle a remonté ce grand fleuve jusqu’au coeur du continent Nord Américain.
Les eaux du Golfe du St Laurent sont très froides mais présentent une quantité extraordinaire de nutriments et de planctons. C’est là que les Baleines se rassemblent. Leur arrivée est annoncée de très loin par des grands jets d’eau visibles à l’horizon depuis le pont de l’Alcyone.
En un instant, l’équipe de plongée est sur un Zodiac en direction des Baleines. Les yeux sont rivés sur le dernier endoit où les baleines ont été aperçues. Bernard Delemotte, le chef d’expédition, se dirige tranquillement vers ce qui semble être aux plongeurs un lieu imaginaire. Puis soudain, un son éclate et l’immense tête d’une baleine perce la surface tout près du bateau. Puis, à moins de 2 mètres, une seconde explosion d’eau, puis une troisième, et une quatrième. Ce son des Rorquals Communs qui viennent se mêler aux belugas qui peuplent ces eaux riches en nutriments.
Soudain, une baleine glisse sous le petit bateau de l’équipe pendant que 4 à 5 autres l’encerclent. Des douzaines de baleines cernent les plongeurs, beaucoup plus que ce que l’on aurait pu imaginer.
Bernard Delemotte est très surpris. Quand il était venu la première fois avec la Calypso en 1980, il y avait beaucoup moins de baleines. Les colonies de belugas n’étaient alors que les vestiges d’une d’une population estimée avoir atteint jusqu’à 5000 individus au début du 20è siècle.
Toute pêche à la baleine a été interdite au Canada en 1973, mais les colonies de belugas avait continué à décliner pour atteindre quelques centaines lors de la première expédition Cousteau. Les organisations environnementales canadiennes ont fait pression pour améliorer la protection des belugas et autres cétacés, en encourageant l’établissement d’une réserve et d’une industrie d’observation des baleines afin de générer des fonds pour la conservation.
L’équipe Cousteau et les Canadiens, se réjouirent ensemble du nouveau statut des baleines et se sont permis d’espérer un avenir encore meilleur.
En 1985, les fonds marins de Cuba sont un exemple de saine gestion. Pour quatre raisons : premièrement, parce que les pêcheurs n’ont pas le droit d’apporter au marché des poissons, des coquillages ou des crustacées de petites tailles. Deuxièmement, parce que la pêche est interdite au moment de la reproduction. Troisièmement, parce que l’espace marin disponible a été divisé en parcelles qui sont exploitées tour à tour. Quatrièmement, parce qu’un certain nombre de parcelles ont été classées réserves temporaires ou permanentes.
La raison de cette exploitation prudente porte un nom : la langouste. Les plongeurs de la Calypso visitent des parcs à langoustes parfaitement tenus. Les crustacés abondent dans les fissures et les refuges de la roche ou du corail. Toutes antennes vibrantes, elles sont le symbole d’un écosystème en équilibre.
L’équipe ramène des images uniques au monde comme le repas d’un requin-baleine (un poisson de 10 tonnes ), inoffensif mangeur de plancton et de sardines. Mais les expériences humaines sont également exceptionnelles. Jacques-Yves
Cousteau reçoit Fidel Castro à bord de son navire pour un déjeuner. L’homme accorde une faveur à Cousteau en libérant 80 prisonniers politiques. De même, les membres de The Cousteau
Society sont les premiers citoyens des Etats-Unis a être autorisés à entrer par la terre ferme dans la base américaine de l’ile de Guantanamo depuis la crise des fusées , en 1961.
Le bassin du Danube s’étend sur dix pays. Le fleuve est si large que les passagers de l’hélicoptère de la Calypso, filant au dessus des eaux brunes , ne peuvent pas voir ses rives. Pendant deux ans, de 1990 à 1992, l’Equipe Cousteau a observé l’eau au rythme des saisons. Pris dans la glace en hiver, en crue au printemps , presque à sec à la fin de l’été , le Danube livre ses richesses écologiques. En canoë, en Zodiac, en brise-glace, en hélicoptère, à pied et à la nage, les hommes de la Calypso ont ramené 4 films (Lever de rideau, Le Rêve de Charlemagne, Les cris du fleuve, Les Débordements du fleuve), un livre et denombreux articles de cette aventure dans les pays de l’Est.
La plaine du Danube est large comme une mer. Grenier à blé de l’Europe jusqu’au début du 20éme siècle, la vie semble s’être parfois arrêtée à cette époque. Plus que ses 2850 kilomètres de long, ce sont ses 120 affluents, drainant 800.000 kilomètres carré de bassin versant, qui font de ce fleuve le premier d’Europe. Il est le trait d’union entre l’Europe de l’Ouest et l’Europe de l’Est qui s’ouvre au monde, témoin de leurs relations chaotiques et qui recèle encore des zones préservées exceptionnelles.
En septembre 1990, le commandant Cousteau effectue un survol complet du fleuve, depuis ses sources dans la Forêt Noire allemande , jusqu’à son immense delta sur la mer Noire en Roumanie. Par la suite, l’Equipe Cousteau s’est efforcée de porter un regard neuf sur ce fleuve chargé d’histoire. Elle lui a rendu sa dimension européenne, alors que chaque pays riverain a un peu tendance à se l’approprier pour son usage personnel. Il en résulte un volumineux rapport de synthèse remis à quelques 1.600 scientifiques, décideurs, journalistes.
Assistés par une quarantaine d’experts européens, les scientifiques de l’Equipe Cousteau se sont tout particulièrement penchés sur les problèmes liés à l’énergie , la pollution , la navigation et la protection des espaces naturels. Ils ont ainsi pu formuler des recommandations précises à chaque pays concerné et proposer la création d’un Haut Conseil du Danube chargé d’étudier les projets concernant le fleuve en intégrant les aspects environnementaux, techniques, économiques et sociaux, une vision multidisciplinaire des problèmes écologiques chère au Commandant Cousteau.
A plusieurs reprises (1988, 1989, 1990, 1991 ), l’odyssée du commandant Cousteau amène la Calypso sur l’archipel indonésien: 13.677 îles disséminées sur plus de 5.000 kilomètres. Plus de 100 volcans actifs mènent la vie dure aux 188 millions d’Indonésiens mais, paradoxalement, leur offrent une terre généreuse permettant trois récoltes de riz par an.
L’équipe Cousteau escalade des volcans en activité , discute avec les forçats qui extraient le soufre de la terre, visite des villages dévastés par les éruptions. Au large de Sumatra, les hommes du commandant rencontrent un des derniers peuples de chasseurs-cueilleurs du monde: les Mentawaï de l’île de Siberut. Ils partagent le quotidien de ces hommes aux dents taillées en pointe, expérimentant la vie du Néolithique, celle de nos ancêtres, il y a 10.000 ans.
L’Indonésie est un seul pays, mais quel pays ! Sumatra, Java, plus de la moitié de Bornéo et de la Papouasie – Nouvelle Guinée. Au cours de la mission, l’équipage a l’impression de visiter 20 pays tant les peuples sont différents. Cette diversité existe aussi dans les eaux soufrées de l’océan: les colonies d’éponges prennent les formes les plus bizarres. Certains individus sont si gros, que les plongeurs peuvent s’y cacher tout entier. Le spectacle très rare des éponges en pleine reproduction est partagé avec des millions de téléspectateurs.
Après six heures de route depuis Irkoutsk en direction du nord-est, les véhicules franchissent enfin le dernier col qui surplombe le lac Baikal.
Un immense désert blanc s’étend jusqu’à l’horizon ou les montagnes beiges de l’ile d’Oikhon séparent le lac en deux parties: d’un côté (à l’est ) la «petite mer» ou «mer intérieure», de l’autre la «grande mer» qui s’étend du nord au sud sur quelques 650 km.
Aux confins de la Sibérie russe et de la Mongolie extérieure, s’étend le lac le plus profond et le plus vieux du monde. “La Perle de Sibérie” le lac Baïkal s’élabore sur un fossé tectonique qui s’ouvre à la vitesse de 2,5 cm par an, engloutissant ainsi les sédiments et laissant s’élever des eaux cristallines. En 1997 , l’équipe Cousteau sillonne le lac pour filmer la faune, riche et diversifiée : 1.800 espèces dont 80% sont endémiques.
L’expédition du Lac Baïkal est une aventure hors du commun. L’équipe plonge sous 80 centimètres de glace et ramène des images et des sons étonnants produits par la banquise du lac toujours en mouvement. En fin d’hiver, les caméramen ont la chance de filmer les filets de pèche tendus sous la glace pour capturer les bancs d’omuls.
Grâce à leurs combinaisons très étudiées, les plongeurs ont plus chaud sous l’eau qu’à la surface. Dehors, il fait parfois moins de 40°C en dessous de zéro. En sortant de l’eau , il faut vite enlever son équipement car les détendeurs gèlent presque instantanément sur la bouche !
La visite d’un petit village sibérien est l’occasion de participer à la fête de la fin de l’hiver. Au milieu des stands proposant jeux et collations typiques, les habitants brûlent une poupée de chiffon (la Dame des neiges). Bientôt la saison froide n’est plus que cendre et on chante le printemps.
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